Travailler à temps partiel ne signifie pas renoncer à la reconnaissance financière. Au contraire : votre travail a de la valeur, et il est possible — et légitime — de demander une augmentation même si votre contrat n'est pas à temps plein. Je vous partage ici une méthode concrète, des exemples de discours et des astuces pratiques adaptées à notre réalité de femmes qui jonglent souvent entre plusieurs casquettes.
Comprendre sa situation avant d'entamer la discussion
Avant tout, prenez le temps d'analyser votre contrat et votre poste. À titre informatif, en France, un salarié à temps partiel bénéficie des mêmes droits qu'un salarié à temps plein, au prorata (congés, protection sociale, formation). Cela veut dire qu'une rémunération plus juste est tout à fait envisageable, soit par un ajustement du taux horaire, soit par la revalorisation de vos responsabilités.
Posez-vous ces questions :
- Avez-vous pris de nouvelles responsabilités depuis votre embauche (pilotage de projet, formation d'autres collègues, gestion clients) ?
- Votre productivité ou vos résultats ont-ils augmenté (plus de chiffre, moins d'absences, KPIs atteints) ?
- Votre rôle est-il plus difficile à remplacer que prévu ?
- Le marché propose-t-il des taux horaires supérieurs pour des postes similaires dans votre région ou secteur ?
Préparez des preuves concrètes
Rien ne remplace des preuves tangibles. J'ai toujours noté mes réalisations au fur et à mesure : projets menés, retours clients, économies réalisées, idées qui ont été implémentées. Cela évite le flou et donne du poids à votre demande.
- Rassemblez des chiffres (augmentation de trafic, taux de conversion, nombre de clients fidélisés).
- Collectez des retours positifs (emails, témoignages, évaluations).
- Faites un comparatif salaire/taux horaire sur des sites comme Glassdoor, Indeed ou les grilles de la branche professionnelle.
Choisir le bon moment
Le timing compte. Évitez les périodes de forte pression pour votre manager (clôtures, grosse semaine commerciale). Les moments propices sont :
- Après une réussite notable (clôture d'un projet, commentaire client élogieux).
- Lors des entretiens annuels ou bilans de fin de projet.
- Quand l'entreprise a de bons résultats financiers — vous pouvez le mentionner avec tact.
Structurer son argumentaire : que demander et comment
Pour les personnes à temps partiel, il y a plusieurs leviers :
- Augmentation du taux horaire : vous restez sur le même nombre d'heures, mais êtes mieux rémunérée pour chaque heure travaillée.
- Revalorisation de la fiche de poste : reconnaissance de nouvelles responsabilités qui justifient une hausse.
- Augmentation des heures : passer, par exemple, de 24h à 28h par semaine avec un ajustement (peut convenir si vous souhaitez plus de revenu mais pas 35h).
- Avantages non salariaux : budget formation, jours de télétravail supplémentaires, mutuelle améliorée, primes ponctuelles.
Pour que votre demande soit claire, structurez-la en trois parties : contexte (ce que vous avez fait), résultat (impact mesurable), demande (ce que vous voulez). Voici un script court que j'utilise souvent pour préparer la discussion :
"Depuis mon arrivée/depuis X mois, j'ai pris en charge [tâches]. Grâce à cela, nous avons obtenu [résultats chiffrés]. Au regard de ces éléments et des pratiques du marché pour ce type de poste, je souhaiterais que ma rémunération horaire soit réévaluée de X% / que ma fiche de poste soit requalifiée en [nom]."
Exemples de formulations selon le contexte
- Après un projet réussi : "Le projet Y a permis d'augmenter le CA de Z% sur mon périmètre. J'aimerais que nous envisagions une révision de mon taux horaire pour reconnaître cet apport."
- Si vous avez pris des responsabilités : "Je supervise désormais l'onboarding des nouveaux talents et j'ai formé trois personnes. Je pense qu'une revalorisation de ma fiche de poste est justifiée."
- Si vous êtes mieux payée ailleurs : "J'ai étudié les salaires pour des postes similaires et il semble que le taux horaire médian soit supérieur de X%. Je préférerais rester, mais j'aimerais que mon salaire soit aligné sur le marché."
Anticiper les objections et proposer des alternatives
Il est probable que votre manager évoque des contraintes budgétaires. Voici des réponses possibles et des alternatives à proposer :
- Objection : "Le budget est serré." Réponse : "Je comprends. Pouvons-nous envisager une augmentation échelonnée (X% maintenant, X% dans 6 mois) ou une prime basée sur des objectifs ?"
- Objection : "Pas de révision pour les temps partiels." Réponse : "Si une augmentation immédiate n'est pas possible, quelles sont les possibilités d'évolution de poste ou de responsabilités qui pourraient être reconnues ?"
- Proposition alternative : plus d'heures, un budget formation (par exemple un MOOC sur Coursera ou un atelier avec un coach), des jours télétravail supplémentaires ou une prime ponctuelle.
Checklist à imprimer avant l'entretien
| Avant l'entretien | À apporter |
| Documents | Listes de réalisations, emails clients, captures de chiffres, comparatif salaire sectoriel |
| Objectifs | Montant visé (pourcentage), alternatives acceptables (prime, formation, augmentation d'heures) |
| Argumentaire | Script en 3 phrases, exemples d'impact, proposition de calendrier |
| Attitude | Calme, factuel, ouvert aux propositions |
Après l'entretien : formaliser et suivre
Après votre échange, envoyez un email récapitulatif : ce qui a été discuté, ce qui est accepté, et un calendrier si nécessaire. Cela évite les malentendus et montre votre professionnalisme.
Si la réponse est négative et définitive, demandez des objectifs précis pour une révision future : quels résultats attendre, dans quels délais. Demandez aussi un rendez-vous de suivi (3 à 6 mois). Si l'absence de perspective devient problématique, pensez à consulter d'autres offres ou à négocier une montée en heures — parfois c'est la solution pour valoriser votre activité sans changer d'employeur.
Quelques conseils pratiques pour tenir le cap
- Restez factuelle et évitez l'émotionnel : les chiffres et les preuves parlent plus fort.
- Affirmez votre valeur avec confiance : une posture calme mais assurée inspire le respect.
- Songez à la négociation comme un échange, pas une demande suppliante. Vous offrez une compétence, vous demandez une reconnaissance.
- Si vous avez du mal à négocier en direct, commencez par une demande écrite ou sollicitez un accompagnement (coaching RH, mentor).
Pour finir, rappelez-vous que demander une augmentation, c'est prendre soin de votre carrière et de votre autonomie financière. À temps partiel ou à temps plein, votre travail mérite d'être reconnu à sa juste valeur. Vous n'avez pas à vous excuser pour cela — préparez, exposez, adaptez.
